La poupée nègre



Ce texte est né suite à un appel à textes lancé conjointement par la Maison Théâtre et le Collectif Turbulences, dont je fais partie. Il s'agissait de proposer une pièce courte, d'une durée de 5 minutes 55, sur le thème "J'ai la mémoire.... qui flanche". L'ensemble des textes a été lu lors d'une soirée "Cabaret des 5,55" à la Maison Théâtre, le samedi 11 octobre 2014.

La poupée nègre, texte que j'ai proposé dans ce cadre, a été mis en voix par deux très belles comédiennes, Aude Koegler et Jenny Macquart. Il a été relu lors du cabaret de "Faites du Théâtre" en novembre 2014, au Théâtre du Tambourin.

Un extrait de la pièce:

"
ici


juste là

à cet endroit là

exactement à cet endroit là

ils se sont embrassés

ils ont commencé par glisser dans le foin

lentement comme une danse

lentement ils ont glissé

exactement là

dans cette maison

dans cette grange où j'ai grandi

c'est là que je les imagine

je les imagine tourner lentement sur eux-mêmes

ici


au milieu des ombres

au milieu de la nuit

une nuit d'été

je les imagine perdre l'équilibre

je regarde leurs corps

ils s’agrippent l'un à l'autre

il la serre contre lui

elle accroche ses poignets

deux boxeurs

incapables de se passer l'un de l'autre

après une danse

la danse de leurs corps se poursuit

leurs peaux se consument

au milieu des ombres

quand leurs corps roulent l'un sur l'autre

le foin les protège

ils ne sentent pas les piqûres

seul le manche du fusil

abandonné sur le côté


exactement là où s'abreuve le bétail

brûle leur peau d'une claque glacée

quand leurs corps viennent s'y frotter



ici

c'est ici

c'est une auréole plus claire dans la ligne du foin

c'est ici que leurs corps

c'est là

exactement là

à cet endroit

ils étaient encore rouges du foin qui frotte leurs peaux

ici

il lui a dit qu'il partait

d'autres fronts

la crosse du fusil froide

qu'il a empoigné et remis à son épaule"

© Texte déposé

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